Pervenche,  ma voisine, l'avait bel et bien prédit ! Cet été, en attendant au laboratoire d'analyses médicales, je l'ai croisée et elle m'a saoulée avec ses prédictions météorologiques basées sur des calculs savants datant d'un autre âge : je n'y ai rien compris, j'ai juste retenu que pendant les 15 premiers jours de Février, elle faisait un relevé météo chaque heure, j'ai vaguement entendu qu'il fallait multiplier (quoi ????) par 35 et diviser (quoi ?????) par 42, et qu'on avait ainsi l'année météo devant soi …. Elle a annoncé alors doctement et avec une certitude frisant l'arrogance que le 26 octobre, nous subirions une catastrophe météo ! Devant nos sourires condescendants (nous étions plusieurs à l'écouter et à tenter de comprendre) elle nous a tourné le dos en déclarant haut et fort en patois : vous verrez !

On a vu …

Certes, nul n'est à l'abri d'une erreur de retenue dans les calculs complexes …. donc, le 26, il a fait super beau ! Mais une semaine plus tard, ce n'était pas la même histoire !

 

Il a plu abondamment pendant toutes les vacances de la Toussaint, sauf le 26, les rivières étaient déjà hautes et la terre imbibée. Et puis, jeudi il s'est mis à pleuvoir comme il ne pleut que dans le sud quand le ciel se décide enfin. Le soir en allant chercher Viviane, j'ai cherché, le long du Gardon de M..et les ponts : il n'y en avait plus, sauf le Pont des Ca..isards, trop haut pour être inquiété. Plus de pont submersible non plus à A**uze, celui qu'on appelle à juste titre le Pont Noyé et rien dans les eaux boueuses qui pouvait laisser soupçonner qu'il y en ait jamais eu un.

 

Avant :

 

Après  (cherche la passerelle et la cascade !) :

 

Avant :

 

Après (et une demi-heure plus tard, au retour du lycée la vague était passée dessus, mais il faisait trop sombre pour que je puisse prendre une photo) :

 

Avant :

 

Après :

 

 

 

Le ruisseau devant chez moi avant :

Après :

 

Avant :

 

 

Après :

L'électricité a fait des siennes toute la journée, avec Viviane, nous avons dîné d'une boîte de raviolis réchauffé sur le poêle. Le vent, violent déjà dans la journée, s'est levé, en rafales, on a vite fermé les volets pour protéger les fines vitres des fenêtres antiques du mas. Ceux qui me suivent sur Face Book le savent , j'ai commencé à paniquer et j'ai même bu une petite gorgée de rhum avant de me cacher sous la couette. L'électricité est revenue une heure. J'ai fini par m'endormir ….malgré le rugissement des ruisseaux et de la cascade juste en contrebas de la fenêtre de ma chambre, malgré le hurlement du vent qui s'engouffrait dans la vallée, malgré la « douce musique de la pluie » (Hein Marion ? ;-) )qui crépitait inlassablement sur le toit et les façades …

 

Le lendemain, pas d'électricité.
Une heure, deux heures plus tard, toujours rien.

Je m'en étonne car le temps est plus calme, il n'y a pas d'orage et toute panne aurait dû être réparée.

J'essaie d'appeler Jacky : plus de téléphone, et plus de réseau portable.

Je me sens comme qui dirait un peu seule au monde.

Laurent avait prévu de rentrer le soir. Avec les routes inondées, l'absence d'électricité, les repas rendus aléatoires, je préfère qu'il reste à Montpellier. Oui, mais comment le joindre ? Je m'équipe, bottes, manteau imperméable et chapeau et décide de partir jusqu'à ce que je retrouve du réseau pour l'appeler. Avec stupeur, je constate que l'un de mes murs s'est écroulé, laissant presque à nues les racines du grand cèdre qui ne s'accroche plus à grand chose : au prochain éboulement de terrain, le cèdre tombera !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le chemin, en bas, je prends quand même le temps d'aller photographier la cascade.

 

C'est là que je croise Jacky qui revient en voiture. Il m 'explique l'étendue des dégâts : une mini tornade s'est abattue à un kilomètre de chez nous, les maisons dont un restaurant sont fracassées par les arbres, la route coupée, les voitures écrabouillées et les poteaux d'électricité et de téléphone couchés dans un enchevêtrement de fils … Va voir sur google si tu veux visionner des vidéos.

J'y suis allée et j'ai pris, en me sentant coupable d'avoir râlé pour mon mur et mon cèdre, ces quelques photos.

En fait, c'est bien pire que ce que les photos laissent deviner. Mais j'avais honte avec mon appareil, et en plus il pleuvait, alors, j'ai arrêté de photographier.
La tornade s'est concentrée, là, au confluent du Gardon de Mi**et et du Gardon de St J**n, là où il devient le Gardon d'An**uze, cela forme une espèce de cirque à ciel ouvert, d'où le vent n'a pas dû réussir à s'échapper.

 

Les dégâts sont considérables.

 

J'ai fait demi-tour, pas moyen d'aller plus loin, et en passant par une minuscule route de montagne, celle qui monte aux Grottes et à ma coupe de bois, j'ai réussi, une demi-heure plus tard à me retrouver sur la route d'Alès où j'ai retrouvé du réseau. J'ai passé mes coups de fil, et je suis rentrée en prenant cette fois-ci la grande route de St J..n, car la petite route de montagne est longue, étroite et dangereuse et il recommençait à pleuvoir dru. Et là, même vision apocalyptique : sur la longue ligne droite qui sort d'An**ze, les platanes centenaires étaient couchés au bord de la route, tombés dans les propriétés. Je ne me suis pas arrêtée, car avec la pluie, le Pont des Abar..nes, le seul qui permette de rentrer chez moi, devient impraticable. Mais ça allait, la route sur le pont n'était pas inondée.

 

Avant :

Après :

 

Deux heures après mon départ, j'ai regagné le mas triste et noir.

On a mangé un pot au feu tiède avec Viviane, on a lu profitant de la relative lumière du jour. Le soir vers 4 heures, je suis retournée faire un tour sur les lieux de la tornade pour voir où en étaient les travaux et je suis revenue déprimée à la vue de tous ces fils qui traînaient encore parterre … Le retour à la civilisation n'était pas encore pour ce soir.

En rentrant, le téléphone fixe sonne ! Chouette, ça remarche. C'est Jacky qui me propose vers 6 heures de venir avec le groupe pour recharger un peu les congélos … Sauf que l'orage a éclaté, violent, plein d'éclairs, de tonnerre et de trombes d'eau ! Le ruisseau a débordé, pas possible de passer en voiture.

 
Viviane et moi, on a mangé le reste de pot au feu tiède, on a lu, et on est allées se coucher après avoir convaincu avec moultes difficultés les chiens de sortir pour aller pisser un coup dehors !

Vers 21heures, le jus est revenu. Il a tenu malgré l'orage et le vent de la nuit.

 

Ce matin, il pleut toujours une pluie dense et fine. Mais sans orage et sans vent. Pour l'instant.

 

 

See you later alligator ????????