…. Et mardi, c'est divorce !

Enfin, en théorie ….

Tu as le temps ? Parce que ça promet d'être un peu longuet.

Tu te rappelles (clic) cette lettre du TGI d'Aix-en-Provence reçue le mois dernier me convoquant à une audience pour prononcer enfin mon divorce ? La date de la convocation, c'est demain, mardi 13 Janvier.

Il convient à ce niveau du récit, de faire deux digressions, qui tu le verras, ne sont pas sans importance.
Pendant les vacances, j'ai débardé 2 stères de bois dans la caillasse : Freelander et remorque garés sur la piste, troncs entiers de trois mètres entreposés en contre-bas, une cinquantaine de mètres plus loin et Jacky et Bibi qui nous les remontons sur la piste, les débitons à la tronçonneuse et les rangeons dans la remorque. Bref, je me suis nické une cheville qui se déboîte au moindre appui sur le pied (droit) et je boitille allègrement depuis quinze jours, vu que je ne me suis jamais vraiment arrêtée, sauf le jour de l'alerte météo, mais ça ne suffit pas. Impossibilité donc de prendre appui sur mon pied droit.

Hier, au retour de la visite aux chevaux, je trouve Laurent se prélassant devant la télé (après un pénible week end de quatre jours pour cause de même alerte météo….) alors qu'il était censé être allé chercher du petit bois et couper un bambou pour remplacer une vieille tringle (chez nous les tringles sont en bambous).



Or rien n'était fait. En colère, je sors pour fendre du bois pour la soirée et mon énergie m'emporte : un coup de massette un peu trop appuyé sur le coin, et le voilà qui s'envole, effectue un triple salto arrière de toute beauté et atterrit sur le dessus de mon pied.

Putain que ça a fait mal !!!! Mais je continue, moitié pleurant de douleur, moitié jurant. Et cahin cahan, vu ce qu'il restait à faire à la maison, je passe la soirée avec cette douleur que j'ignore, méprise et finis par oublier.

Sauf qu'elle ne m'a pas oubliée ! Après une demi-heure de sommeil, les muscles bien froids, je suis éveillée par une douleur lancinante dans le pied. Ai-je précisé qu'il s'agissait du gauche ? Je tourne, je vire, décide de me lever prendre un advil, car vraiment ça faisait trop mal, et je tombe : mon pied droit ne me porte plus (ça c'est acquis), mais mon pied gauche, devenu bleu à cause du coup m'a lâchée aussi. Plus possible de bouger ni les orteils ni la cheville. Persuadée qu'il est cassé, je me recouche et là, je commence à cogiter grave : comment me rendre à Aix mardi avec un pied cassé ? Je passe en revue toutes les possibilités et au cours de ces sombres cogitations, il me vient à l'esprit que madame mon avocate ne m'a jamais rappelée pour me confirmer le rendez-vous. Bizarre ? Peut-être pas, mais ça me taraude, presque autant que la douleur, le reste de la nuit, qui contrairement à mon pied a été en grande partie blanche.

Petit matin frileux (pas d'eau bien sûr, comme d'hab) : les dégâts s'avèrent moins importants que prévu : sur le dessus de mon pied, j'ai un joli oeuf d'oie, mais je peux le poser, bouger la cheville et les orteils.
Je clopine jusqu'à la cuisine et vaque à mes occupations.

Ecole. Saint Jean. Récréation.

Je me souviens brutalement de mes angoisses de la nuit et file en classe appeler mon avocate histoire de confirmer le RV de demain.

Je te la fais en télégraphique, car ça commence, à partir de là, à être chaud.

10h30 - secrétaire de mon avocate : « non, je n'ai rien sur son agenda pour demain, mais je ne peux pas lui demander, elle est en ligne » Moi (liquéfiée) : « rappelez-moi dès que vous savez » Elle : si je ne vous rappelle pas, c'est que c'est bon »

10h30 à 11h15 : je bâcle la leçon sur l'accord du verbe avec le sujet, les yeux rivés sur mon portable. Rien

11h15 – Excédée j'appelle le Chauve Bedonnant (Gilles arrête de te marrer ! Toi tu es déjà bedonnant, tu seras peut-être bientôt chauve, encore que pour ça tu as de la marge) pour voir s'il en sait plus. Non. On se dit qu'on appelle tous les deux nos avocats et qu'on se rappelle.

11h20 – Le Chauve Bedonnant rappelle et me dit qu'il risque d'y avoir un problème de juridiction (je dépends d'Ales, il dépend de Marseille et son con d'avocat qui est d'Aix a saisi Aix ….) que le juge risque de pas vouloir nous prendre mais que son avocat est confiant, qu'on verrait sur place et que comme on est d'accord sur tout, ça devrait passer. Plus inquiète sur la présence ou pas de mon avocate à l'audience, je zappe l'information comme quantité négligeable et je rappelle le cabinet.

11h25 – La secrétaire me dit « no problemo, pour une demande conjointe, l'avocat de votre mari suffit, la vôtre n'a pas besoin d'être là » Je suis surprise, je suis une vieille routarde du divorce, tout de même, on ne me la fait pas à moi, on m'appelle l'Elisabeth Taylor du Gard-Lozère, sauf que le Chauve Bedonnant c'est pas Richard Burton  et que moi c'est plutôt elle là











que là










mais, pour revenir à nos moutons, la dernière fois que j'ai divorcé, c'était aussi une demande conjointe et il fallait les deux avocats. J'insiste, me fais confirmer l'information et respire.

11h30 – Les élèves partent, je rappelle le Chauve Bedonnant et lui dis que tout roule. Salut, à demain et bonne bourre.

11h30 à 11h40 : black out de SFR sur une partie de la route. Dès que le réseau revient, bip de message et message. Le Chauve Bedonnant m'a appelé et demande à ce que je le rappelle car il y a un problème.

11h40 – Je le rappelle. Il me dit que son avocat n'est pas d'accord, qu'il faut la présence de mon avocate et qu'il faut que je la rappelle pour le lui dire. Je rétorque que ce n'est pas à moi de donner des leçons de droit à mon avocate et que son avocat n'a qu'à le faire lui-même. Il en convient et raccroche pour rappeler son avocat et lui dire d'appeler la mienne. Ca va ? Tu suis ?

11h45 à 11h55 j'appelle, vraiment énervée, mon avocate, bien décidée à faire le forcing pour lui parler à elle cette fois-ci. Occupé. J'appelle 10 fois et je finis par avoir la secrétaire embêtée, qui me dit que les avocats sont tous les deux au téléphone pour déterminer si oui ou non, il faut que la mienne soit présente et que j'ai qu'à rappeler dans cinq minutes.

12h : pour passer le temps je rappelle le Chauve Bedonnant qui m'interrompt et me dit « ça y est ils ont raccroché, je viens d'avoir le mien il y a 30 secondes, c'est bon ton avocate se libère, elle sera là demain, salut, à demain, bonne b... etc ! »

12h à 12h15 : je parle à ma télé pendant une quinzaine de minutes en répondant aux questions de Naguy, quand, devine, le téléphone sonne.

Le Chauve Bedonnant !

Les avocats se sont donc rapprochés du Tribunal qui les a envoyés paître tous les deux en leur disant que notre divorce ne dépendait pas de sa juridiction.

Audience reportée sur Marseille à une date forcément ultérieure mais non connue, que les avocats, piteux, promettent proche …..

ET MERDE !

Je pensais bien faire sauter les bouchons, moi demain. En plus il y a le sanglier de Brett qui attend dans le congélo pour fêter ça.





Le bon côté des choses ?
1)D'abord, tant que je ne divorce pas, je ne lui donne pas les sous pour payer sa part de la maison et pendant ce temps-là, ils font des petits.

2)J'ai gagné une nouvelle couleur (quelques mèches blondasses faites par mes soins hier soir),une épilation des aisselles et des jambes et un string noir propre. Ce n'est pas que je cherche à reconquérir qui que ce soit, mais il y a des circonstances dans la vie, où une fille ne doit pas se présenter la mèche grisonnante, l'aisselle foisonnante, le mollet luxuriant dans une culotte montante en coton à fleurs. Il s'agit de self-esteem, tout simplement. Comme disait le réalisateur d'Autant en Emporte le Vent à Olivia de Havilland qui ne voyait pas l'utilité de porter des dessous en soie puisqu'ils n'apparaissaient pas à l'écran ; « oui, mais toi tu le sais ! ».

Mais c'est une contrepartie bien mineure ….

Alors peux-tu me dire, toi qui as du recul et qui lis Freud dans le texte, pourquoi je me sens étrangement soulagée, ce soir, de ne pas aller divorcer demain ?????

Revenons à mes digressions : sans la douleur intense de la nuit, à cause de mes pieds en lambeaux, je n'aurais pas eu l'idée d'appeler mon avocate et qui c'est qui se pointait comme une idiote à Aix en Provence demain pour se faire rembarrer pas un greffier hilare ?

Ce soir, mon pied présente un oeuf de poule de toute beauté, mais je n'ai presque plus mal. Joli, hein ?

L'est solide la bête.

(PS : republication suite à foirage d'overblog)


                                                                                                                                                     See you later alligator