Une des choses qui m'ont plu, lorsque j'ai découvert le mas, avec l'agent immobilier, début mars 2007, ce sont les caves. Le mas est construit sur trois étages et le premier étage est celui des caves, en partie creusées dans la roche. Ces caves m'ont fascinée et impressionnée à la fois : elles sont le domaine des serpents, des chauve-souris, des araignées mutantes, on y a même trouvé des squelettes de chats (les propriétaires précédents, comme moi, avaient une vingtaine de chats livrés à eux-mêmes, car ils ne venaient au mas que pendant les vacances et le week end, puis de moins en moins le week end, l'âge avançant …), mais il y a aussi tellement de mystère derrière ces vieilles portes et ce dédale de voûtes. Je crois que le mas, en ce début de printemps, il y seulement trois ans, a séduit la petite fille de 45 ans qui le découvrait, le jardin en particulier, dans lequel j'aurais tellement aimé grandir, ce jardin de 7 hectares mais qui par sa topologie, paraît tellement plus grand, au point de s'y perdre, et de découvrir, encore aujourd'hui, comme ça a été le cas hier, des endroits que je ne soupçonnais pas et dans lesquels malgré mes expéditions quotidiennes, je n'avais jamais mis les pieds.

Mais revenons aux caves avant qu'elles ne se rebiffent pour de bon, car elles sont la partie ignorée et parfois méprisée de la maison (suis trop fière de mon titre et de ce jeu de mots). Je vous fais faire le tour du propriétaire, suivez moi, retroussez vos jambes de pantalon (il pleut et elles s'inondent facilement), baissez la tête pour ne pas ramasser des toiles d'araignées et dépêchez-vous : il faut en sortir avant la nuit, sinon gare aux chauves-souris !

A tout seigneur, tout honneur : la grande clède (parce qu'il y a aussi la petite). Une clède, dans les Cévennes c'est une construction sur deux étages, avec un plancher intermédiaire : on mettait les châtaignes à sécher sur le plancher, et on mettait le feu en bas afin que la chaleur et la fumée accélère l'assèchement des châtaignes, source principale de l'alimentation cévenole rurale. Ici, comme souvent , la clède n'est pas attenante au bâtiment principal. A un moment de son histoire, les propriétaires ont fait sauter son toit qui a été transformé en terrasse. Nous stockons notre bois à l'intérieur, les vingt stères nécessaires pour chauffer la maison y logent sans soucis, ou plutôt y logeraient, car il reste des meubles abandonnés dans un coin qui mangent pas mal d'espace.

On rentre maintenant dans le vif du sujet : sous la terrasse couverte, on trouve le grand espace qui n'a de garage que le nom. Longtemps la porte est restée béante. Compte tenu de mon incapacité chronique et limite pathologique à ranger, c'était assez ignoble : quand on arrive devant la maison, c'est ce qu'on voit en premier, et avec le foutoir à l'intérieur (dont les poubelles en attente car ici, tu t'en doutes, on n'évacue pas les poubelles tous les jours), c'était tout sauf accueillant comme vitrine ! J'étais décidé à faire faire ou acheter un beau portail en bois et à le faire poser. Jusqu'au jour, où Micka, mon pote charpentier-maçon, m'appelle d'un chantier pour me demander si j'étais intéressée par un portail en alu blanc à prix cassé que son client bradait. D'abord, je dis non, je voulais mon portail en bois, mais il finit par me convaincre que le prix du portail en bois et de sa pose allait fortement grever mon budget. Je conclue l'affaire et le week end suivant, je pars chercher le portail avec mon 4X4. On le cale comme on peut avec des sangles sur mes barres de toit, et je mets 45 minutes pour faire le trajet de 10 minutes, avec Micka en voiture derrière prêt à le récupérer s'il tombait. Je crois avoir fait autant d'huile que les deux voitures réunies ! Il a fallu finir en le portant à pied jusqu'en haut. Quelques temps plus tard, Mick débarque pour le poser et là ! Stupeur ! Horreur ! Malheur ! Le portail était trop grand ….. Bien sûr on appelle Jacky au secours …. Or il se trouve, que Jacky, quelques années auparavant, avait récupéré sur un chantier, un portail en alu qu'il n'avait pas encore posé à l'entrée d'un de ses garages : on mesure, le portail de Jacky était trop petit pour son ouverture, il aurait dû monter des parpaings pour combler les bords, et le mien allait pile poil chez lui et le sien pile poil chez moi. On redescend le mauvais portail, remonte le bon et Micka réussit à le sceller (je te le fais rapide, mais rien que l'échange de portail, ça a pris une demi-journée !). C'est pas très beau, mais ça cache le bordel.

Derrière le portail, il y a ma machine à laver, mes deux congélos principalement consacrés aux chiens …. et cette splendeur.


Un four à pain ! Le seul problème c'est qu'il est trop trop trop grand ! Il faut au moins une journée pour le mettre en chauffe. Et une fois chaud, il faudrait être très très très organisé pour y faire cuire plusieurs plats, plusieurs pains. Pour cela, il faudrait savoir cuisiner d'une part et d'autre part être organisé en prévoyant des repas pour plusieurs jours … Bref c'est pas moi. Dommage, vraiment dommage.

Au fond à gauche, dans la roche, est taillée une toute petite cave, où, paraît-il serait gravée quelque part sur une pierre la date 1650 …. je ne l'ai pas trouvée. Je n'ai pas beaucoup cherché.

Au fond, une porte ouvre sur ce que nous appelons « la grande cave ». Il y reste encore des centaines de bocaux de fruits à l'alcool des anciens propriétaires. Certains ont plus de 40 ans. Quand j'ai besoin d'un bocal (très rarement, tu imagines bien !) je vais me servir là-dedans. Sinon, c'est la cave aux outils. Le Chauve Bedonnant bricolait, mal, mais il bricolait. J'ai gardé tous les outils. Mon père bricolait, bien, et était plus équipé que Castorama : la cave regorge de tout, de simples tournevis à plusieurs exemplaires de perceuses, scies sauteuses, ponceuses, karchers, débroussailleuses …. Tous les ouvriers qui viennent travailler chez moi débarquent la première fois avec leur matos, et dès la deuxième fois, les mains dans les poches, car ils savent qu'ils vont trouver dans ce que Micka appelle ma caverne d'AliBaba, tout ce dont ils ont besoin. Il faut juste être patient, car rien n'est bien rangé et qu'il faut parfois ….longtemps pour trouver son bonheur !

La grande cave correspond à ma salle à manger au dessus. Elle a une double entrée : à l'autre bout, une porte ….



Derrière, la cave dite de « la cuve à vin » dans laquelle on pénètre plutôt par l'extérieur, puisqu'une seconde porte permet d'y accéder. J'ai eu la flemme de débarrasser des restes de cartons qui encombrent la cuve à vin donc on la voit mal.
 

Tu entrevois le haut d'une échelle, car Lee y a fait ses bébés une année, et on a dû descendre les récupérer au fond de la cuve. C'est sûrement la cave qui s'inonde le plus. Il faut que je finisse de la vider et de la ranger … mais je ne l'aime pas trop, c'est celle que je sens la plus malsaine. Les serpents doivent y apprécier son humidité l'été, je me méfie.

Lorsque l'on sort de la cave de la cuve à vin par la porte extérieure, on est au centre du mas.

 
A gauche, en verrue, se tapit la petite clède, selon le même principe que la première, mais en plus petit. L'échelle pourquoi ? Lee y a fait ses bébés une année, et il a fallu monter les chercher ! Le plafond est encore noir de la suie des fumages successifs. En bas, il y a toutes mes arrivées d'eau et quelques bouts de bois qui traînent.

A gauche de la petite clède, on trouve une toute petite cave, où j'ai entreposé du carrelage récupéré chez mon père et le matériel d'équitation dont on ne se sert pas souvent. Ginger y a élevé ses bébés une année !

On repart sur la droite, on passe la petite clède et son mûrier (le mas était une magnanerie et les mûriers étaient indispensables pour nourrir les vers à soie), la cave de la cuve pour arriver à la dernière cave, la plus saine, la cave du cumulus, juste sous ma chambre. Au fond, côté roche, il y a le départ d'un étroit tunnel. On a cherché, mais pas trouvé où il débouchait. Plus haut, il y a un trou qui permet aux eaux dévalant de la montagne de passer et de traverser le mas. Les chats l'empruntent souvent …. ainsi que ses saletés de Chinois qui en profitent allègrement, car ce trou aboutit derrière les grillages censés les empêcher de s'échapper ! Le plafond, c'est mon plancher : le plâtre que tu vois c'est le mortier qui tient mon carrelage ! Ça fait peur, hein ?

Juste sur la droite, ce n'est pas vraiment une cave, mais le passage qui est creusé sous les salles de bain. Il a fallu le boucher sur sa partie basse pour que ces saletés de Chinois (Ah ? Je l'ai déjà dit) ne l'empruntent pas trop souvent car de l'autre côté c'est aussi hors limites !

Près du bassin de la source (un jour je te ferai faire le tour des 8 bassins de la propriété), il y a cette mystérieuse ouverture : ce n'est pas une cave, mais la grotte dans laquelle la source jaillit. Au fond, un lac miniature qui se déverse dans le bassin.

Et enfin, au pied des escaliers, cette petite grotte voutée, creusée sous la pergola, où s'écoulent les eaux de pluie des terrasses supérieures. Le chaudron à traite recueille une partie de ces eaux et les chiens viennent y boire.

Voilà, respire, redescends les jambes de ton pantalon époussette-toi, on sort de l'ombre et on revient à la lumière …

 ( Et merci d'être resté jusqu'ici, car à la relecture, qu'est-ce-qu'il est ch..ant cet article !  )                                                


                                                    See you later alligator