Ou le conte ordinaire d'une dépression équine.

Ou encore l'histoire de l'amour vache d'un cheval.

Bref les chroniques de ma relation tumultueuse avec Sissy.

Sissy ne va pas bien. Malgré l'abri tout neuf que l'on vient de lui construire
et dans lequel elle refuse d'aller, ce qui me permet de la trouver trempée comme une soupe certains matins, frigorifiée à l'exact endroit de son ancien abri qui menaçait de s'écrouler (comme on a été inspiré de le refaire avant la tempête ….), soit 10 petits mètres plus loin. Elle n'y va que pour manger et encore j'ai assisté, le soir de la tempête justement, à un repas hallucinant où elle prenait une bouchée de foin et allait la manger dehors pour scruter la montagne et elle revenait en prendre une autre etc. etc.

Sissy maigrit malgré une ration plus que convenable, elle perd ses muscles et son gras. Elle a la cuisse creuse et les côtes apparentes.

Sissy devient méchante. Hier elle a esquissé un coup de pied alors que je lui demandais de se pousser pour passer (ce qu'elle n'avait JAMAIS fait) et s'est cabré en me boxant des antérieurs au moment où, pour la remettre aux ordres après l'incident précédent, je lui demandais un reculé. Elle a de nouveau tenté de me boxer aujourd'hui quand j'essayais de lui passer sa longe. Elle attaque les enfants en essayant de les mordre dès qu'ils s'occupent d'elle.

Un fauve ….

Dans un moment de fureur, ce matin après son attaque, je l'ai menée dans un des prés, et je l'ai poursuivie en faisant des grands mouvements de longe pendant dix minutes, malgré la grippe, l'otite et l'angine, dans l'espoir d'un join up (je vous renvoie au blog de Béa) réconciliateur. Elle est revenue, mais c'était l'heure du repas, je l'ai lâchée dans la montagne et suis partie m'occuper des enfants.

Une heure plus tard, il m'a fallu un bon moment pour la récupérer : de la séance du matin, il ne lui restait que le souvenir de ma fureur et elle m'a fait courir un bon moment avant que je puisse, à force de cajoleries, lui redonner confiance et m'approcher d'elle.

L'objectif : une reprise en main sérieuse.

On a travaillé une bonne heure sur le cercle. Au début, elle était tendue comme un arc,
 puis petit à petit, elle s'est laissée aller et s'est souvenu de tout ce qu'elle savait faire.

Elle s'est roulée avec délectation.

Elle a fait des gros câlins.

Elle s'est laissée brosser par Viviane avec un relâchement total de tous ses muscles au point d'en bailler de décontraction.

Elle a accepté Viviane à cru pour un petit tour dans le champ sans le moindre signe d'agressivité.

Et ce soir, quand on est allé chercher du bois en bas avec Laurent, on l'a trouvée dans son abri !

Un mouton

La thérapie a fonctionné.

Sissy déprime, j'en suis plus que sûre.

Sissy crève de sa solitude (tiens ça me rappelle quelqu'un ….)

Elle est née dans un troupeau de 4 chevaux qui habitaient à 20 mètres de la maison et qui participaient à notre vie quotidienne de par la proximité.

Ici, elle est bien plus bas que la maison. D'ailleurs, quand elle part dans la montagne, son endroit préféré est juste au dessus du mas où elle peut nous voir et nous entendre.

Elle est seule depuis la mort de Cachou.
Je travaille maintenant à plein temps et entre les enfants, les chiens et elle, je n'arrive pas à trouver beaucoup de temps pour la faire travailler. Le soir quand je rentre, il fait nuit.

Il est urgentissime que je lui trouve un compagnon. Je ne peux pas la laisser maigrir comme ça et devenir aussi méchante. Je vais descendre la vermifuger au cas où ce soit ça, mais franchement, j'en doute …

Comme quoi les chevaux aussi peuvent être en dépression. Et moi ça me rend malade d'avoir une bête que je n'arrive pas à rendre heureuse.

                                                                                                                             See you later alligator