Il y a vingt ans, le 8 Juin 1991, je convolais pour la première fois en noces plus ou moins justes… Sauf que ce jour-là, forcément, j'étais tout à fait convaincue de leur justesse, persuadée de signer pour la vie, n'imaginant même pas, dans mes pires cauchemars que 5 ans plus tard, le sourire rayonnant de mon mari se tournerait vers une autre femme. Peut-être bien que mon sourire rayonnant à moi n'avait pas survécu beaucoup plus loin que notre lune de miel.

 

 

Il y a vingt ans, j'essayais de ne pas voir le pli d'amertume sur le visage que ma mère essayait de rendre affable, mais la rancoeur gagnait et en la regardant, ce jour-là, je voyais ses doutes, ses désillusions, ses tristesses acides et je me disais que je ferais mieux qu'elle, que moi je ne passerais pas à côté de mon rêve de petite fille et que je vivrais le reste de ma vie le grand amour. Je ne savais pas qu'elle ne pourrait même pas assister à ma chute, car la sienne, définitive, serait survenue avant.

 

 

Il y a vingt ans, je croyais que je posais enfin les pieds sur ma yellow brick road et qu'elle me mènerait forcément jusqu'à mon royaume d'Oz, j'étais la princesse en son château. J'ignorais que les châteaux s'écroulent quand les rêves sont balayées par la vie.

 

 

Il y a vingt ans, je croyais en l'amour d'un homme, je ne croyais qu'en l'amour d'un homme, je ne vivais que de l'amour d'un homme. Vingt ans plus tard, comment écouter et répondre à ma fille, à l'aube de sa vie d'adulte, alors que je ne crois plus en grand chose, et surtout pas en cet amour là ?

 

 

Il y vingt ans, j'avais la vie devant moi, la vie en moi.

 

 

Il y a vingt ans, j'étais belle et j'étais jeune.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

See you later alligator