• On fait ce qu'on pneu

     

    Pour mon avant-dernier jour de vacances, le programme était chargé : faire des courses, récupérer des lentilles de contact, un téléphone en réparation chez SFR et chez SFR, tu sais DSCF0136--Resolution-de-l-ecran-.JPGquand tu y rentres, mais jamais quand tu en sors, la moyenne du temps passé étant largement au dessus de 1heure et d'aller chercher Viviane chez sa copine à Avignon (4 heures aller-retour). Me voilà donc partie dès 9 heures au volant de mon somptueux coupé Mercédes, les Rolling Stones chargés dans le lecteur CD, résignée à ce tiers de journée un peu foutue.

     

     

     

    Malgré les Stones à fond, je tique à cause du bruit de vieux ressorts rouillés qu'émet la Mercédes, ça fait quelques jours que ça dure et je me fais une note à moi-même de nettoyer très vite la voiture des différents papiers gras et vieilles bouteilles de Coca vides qui jonchent son plancher afin de pouvoir l'emmener la faire contrôler chez Jean-Luc mon garagiste sans me faire engueuler !

    1 heure et quart plus loin, les choses ne se présentent pas trop mal, j'ai passé Uzès sans trop d'embûches malgré le marché hebdomadaire, quand le bruit s'accentue et la voiture perd de la vitesse. Derrière, une autre voiture klaxonne et me fait des appels de phare. Ça pue du cul …. Je profite d'un rond-point pour m'arrêter et demander à la dame de derrière ce qu'elle me veut, elle me montre ma roue arrière-droite crevée. Bordel ! Je lui demande si elle sait où il y a un garage, elle me montre, de l'autre côté du rond-point, un garage Renaut qui a l'air ouvert. Je fais clignoter les warnings, sors mon majeur par la vitre deux ou trois fois pour expliquer aux260057doigt_d_honneur.jpg impatients, à ma manière, qu'il va falloir qu'ils patientent, et viens m'échouer sur le parking du garage, comme une baleine à bout de souffle.

    Je rentre mon majeur, me recoiffe, regrette de na pas avoir mis mes lentilles, affiche quand même mon sourire N°3 bis, celui réservé aux garagistes d'une marque qui n'est pas la mienne, surbookés, un samedi vers midi , ouvre un bouton supplémentaire à mon chemisier, et entre dans la concession, l'œil humide et humble. D'autant plus humble, qu'en sortant, passablement énervée, de la voiture, je pète la lanière de ma sandale droite et arrive dans le garage chaussée d'un pied seulement …

     

    Oui, je sais ….

     

    Le patron et ses deux fils s'avèrent être des gens absolument adorables qui ont fait semblant de ne pas voir que j'étais moitié pieds nus.. On monte la voiture sur le pont, on ouvre le coffre à la recherche de la roue de secours et là : Surprise ! Surprise ! Y en a pô ! Et oui, dans les voitures, maintenant, y a pû de roues de secours ! Qu'à cela ne tienne, Etienne, mes trois chevaliers servants partent en quête du bon pneu dans leur arrière-boutique. T'as deviné hein ? Z'en n'ont pô ! Pas de ce modèle en tous cas.

     

    Allô la Maïf ? Sauvez Willy, siouplaît ! J'ai plus que trois roues, une seule chaussure et une fille qui m'attend à Avignon, toute seule, quasiment orpheline, sûrement sur le point de se faire violer au coin d'une rue … Ah oui, et le coffre plein d'asperges et de fraises pour mon repas de demain, mais qu'au prix du caviar où elles sont en ce moment, j'aimerais bien qu'elles retrouvent la fraîcheur d'un frigo avant le début de la prochaine ère glaciaire.

    Pas de problème Madame Willy, on vous envoie un taxi, vous allez chercher votre fille, et vous rentrez chez vous ! Et là tu te dis qu'en une journée, tu viens de rentabiliser ta police d'assurance de l'année …

     

    Arrive le taxi, ex légionnaire, devenu « professionnel de la route », grosse voiture, gros bras, grosse voix, grosse … enfin je suppose …. un tatoué, un vrai de vrai, qui m'a tout appris, tout, sur les GPS et le système Coyotte détecteur de radars, je connais maintenant TOUS les radars dans le triangle Avignon-Nîmes-Alès.

     

    Et c'est là que je me dis que j'ai une personnalité … disons bien affirmée … je t'explique.

     

    Pour cela, petit retour en arrière. Je n'ai pas de GPS. Je suis allée une petite dizaine de fois chez la copine de Viviane à Avignon, et, va savoir pourquoi, je n'arrive pas à y aller sans me perdre. C'est systématique. Chaque fois, je rentre dans une colère noire. Mais ça ne change rien, la fois d'après je me reperds. J'avertis donc le chauffeur à la grosse … voix : « je ne sais pas exactement où on va, mais je vous indiquerai quand on sera à Avignon, mais attention, parfois (tu noteras l'euphémisme ) je me perds, mais la dernière fois que j'y suis allée (en me perdant) c'était avant-hier, donc je devrais me retrouver ... ». On entre dans Avignon, on longe les remparts et à un point donné, je lui dis de tourner à droite. Merde c'est pas la bonne. C'est là où déjà je me suis plantée avant-hier. Je le lui avoue, il se gare et me demande si je connais l'adresse. J'hésite (car en fait je ne la connais pas …) quand soudain, venant de nulle part, surgit un nom de rue dans laquelle donne la résidence de la copine de Viviane. Il rentre l'adresse dans le GPS qui lui conseille de faire demi-tour avec prudence et on repart dans la bonne direction. J'approuve et rigole grassement en annonçant au chauffeur que ça y est , plus de blème, je suis repérée. Le GPS annonce que dans deux cents mètres, il faudra tourner à droite. Et c'est là, que je vais te montrer ma force de persuasion : le chauffeur, un « professionnel de la route » comme il se définit lui-même, un virtuose du GPS, un mâle à qui on ne la fait pas (à un moment, on a croisé le cortège d'un mariage et il s'est exclamé « Encore un fada ... » et comme je me suis empressée d'approuver, nous nous sommes gaussés de concert pendant cinq bonnes minutes), le chauffeur, donc, m'a écoutée MOI plutôt que son Dieu de la route, son GPS adoré, moi qui avisant une route sur la droite, 100 mètres seulement après l'annonce de la machine, hurle « y déconne, vot machin (oui, je prends facilement les accents qu'ils soient régionaux ou socio-culturels, on m'appelle le caméléon auditif), tournez ici ! ». Et le gros balèze de s'exécuter, dans un crissement de freins et de pneus. Comment te dire, bien sûr, c'était la mauvaise rue … Et là j'ai un peu commencé à comprendre pourquoi j'ai divorcé deux fois …. Vieux motard que jamais.

     

    On récupère Viviane (grâce à quoi, à ton avis ? oui, bon ça va !) et on rentre. Deux heures plus tard, on est enfin à la maison et je fonce faire une heure de sieste.

     

    Vers 4 heures, Laurent m'annonce qu'il part faire du VTT dans la montagne vers Saint Jean et qu'il rentrera par le Pont des Camisards.

     image-13-6250--Resolution-de-l-ecran-.JPG

    Je m'extirpe de mon lit et prends le 4X4 pour repartir faire les courses. Le matin, j'avais fait le minimum pour le lendemain, et je comptais faire le gros mercredi. Sauf que mercredi, va falloir que je me propulse jusqu'à Remoulins récupérer ma voiture au garage … En plus, mon pote Jean-Marc qui habite derrière le Pont des Camisards, m'a téléphoné pour me dire de venir chercher une poubelle de carcasses de cochon (son neveu est éleveur et me garde ses carcasses pour les clébards). Je vais à Anduze, charge la voiture et au retour vais chercher mes nonos. J'appelle Laurent pour savoir où il en est de son périple, mais il ne réponds pas. On papote deux minutes avec Jean-Marc et un autre gars que je connais et qui était chez lui, je leur demande s'ils ont vu passer un VTTiste … non. Je reprends le volant et à peine sortie de chez lui, le portable sonne. C'est Laurent.

    • Ben alors, Laurent, t'es où ?

    • J'arrive chez Jean-Marc et toi t'es où ?

    • Je suis chez Jean-Marc.

    • Surtout, surtout, ne pars pas, attends-moi, tu me sauves la vie !


    J'arrête le moteur, sors et guette. Trente secondes plus tard, j'aperçois Laurent qui arrive, marchant à côté de son vélo …. Je te le donne en mille, Emile.


                 Il avait crevé !


    Tu sais quoi, je vais me coucher, là. Parce qu'on fait ce qu'on pneu, on est pas des chambres à air.


                                        See you later alligator (t'as vu il se dégonfle lui z'aussi) croco_001.gif


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