• Le tour

     

    Cet article, je l'écris pour toi qui me lis, mais aussi beaucoup pour moi, afin que si un jour, mes pas me portent loin d'ici, il me reste ces instants, ces images du tour quasi quotidien, qui tient au rituel, que je fais avec les chiens. Ce « tour », il m'a fallu quelques temps pour le maîtriser sans me perdre. La première fois que j'ai voulu monter en haut de « mon terrain », j'ai mis les trois quarts d'heure prévus, mais je n'ai jamais réussi à redescendre …. Le Chauve Bedonnant, appelé à la rescousse, est monté à son tour ….et nous nous sommes perdus tous les deux ! Nous avons fini par arriver à la maison, deux heures plus tard, exangues, deshydratés, proches du malaise en ce qui me concerne et ayant enfin compris pourquoi, tout comme en Corse, on parle ici du « Maquis Cévenol » !

    Depuis, au fil des mois et des saisons, j'ai tracé mes sentiers, pris mes points de repères, appris à connaître les pas infranchissables du chemin, trouvé comment les contourner.

    Ce tour, à part un passage relativement bref, a la particularité de ne passer que sur « mes terres », ce qui fait que je le privilégie à d'autres promenades dans le coin, plus faciles car moins escarpées pour les chiens, parce que là, au moins, je sais que je ne croise personne. Les chiens sont donc en totale liberté. Le seul risque est la course au sanglier, environ une fois sur trois ! Là, je perds 6 chiens sur les 8 ! Seuls Roxanne et Sasha restent à mes côtés, les autres chassent ! Je les retrouve, entre 5 minutes et 1 heure après leur départ. Généralement Love revient la première. Brett la suit de relativement près. Quant aux Chinois, plus petits, plus rapides, ils sont capables de partir très loin derrière les sangliers, blaireaux, renards ou chevreuils, et leur retour est assez aléatoire.

    Je suis bien consciente que peut-être un jour, l'un d'entre eux ne reviendra pas …. Mais que faire ? Cette promenade quotidienne leur fait tellement plaisir. A ce jour, ils sont revenus et il y a un sanglier qui n'a pas été assez rapide dans le congélo ….


    Nous partons généralement en empruntant l'escalier qui monte au deuxième étage du mas, l'étage des enfants, au bout duquel un petit portillon ouvre sur la montagne.


    Derrière le portillon, il faut grimper par des marches naturelles pour atteindre la faïsse juste au dessus de la maison, que nous longeons sur presque toute la largeur du terrain, en surplombant la vallée, le jardin, la terrasse.



    Au bout, nous bifurquons à droite, sur une petite corniche qui suit le petit ruisseau qui sert de limite de propriété. Au dessus, dans la forêt, se tapit la bergerie troglodyte en ruine qui abrite, pour l'instant, les cendres de mon père.



    Nous arrivons à l'une des vasques du ruisseau, qui reste en eau même en été, ce qui permet aux chiens de boire et se rafraîchir avant d'attaquer la côte à proprement parler.



    Nous franchissons ensuite le ruisseau, en sautant pour certains, plus prudemment pour d'autres. 


    De l'auttre côté, nous gravissons lentement le sentier par lequel les sangliers descendent boire le soir. J'ai adapté mon rythme à l'âge de Roxanne et à la santé de Sasha mon cardiaque. Je monte tout doucement, ils me suivent, alors que les autres courent devant. C'est généralement là que je les perds, là où le sentier tourne pour longer le ravin du ruisseau.




    Arrivés en haut, le ravin s'élargit, on le passe en corniche pour revenir chez moi.



    On traverse un petit bois et on débouche sur  cette faïsse dégagée mais protégée des vents, où nous marquons souvent notre première pause pour permettre à Roxanne et à Sasha de récupérer. J'y attends aussi les autres quand ils m'ont lâchée plus bas. C'est notre point de ralliement !



    Sa situation très privilégiée a conduit les anciens à y construire une « charbonnière », petite cabane en pierres sèhes où l'on fabriquait du charbon de bois, autrefois, dans ces montagnes boisées de chênes verts.



    Quand il fait frais, de la charbonnière, nous pouvons, à travers une végétation bien plus dense et en acceptant des pentes encore bien plus escarpées, monter jusqu'au chemin de petite randonnée qui borne mon terrain tout en haut. Mais il faut compter vingt bonnes minutes de plus, et une dépense d'énergie trop importante pour mes vieux. Je le fais de moins en moins. Dommage la vue est si belle de là-haut …..



    La plupart du temps, on décide de redescendre et de rentrer par la montagne. Le passage, ce sont nos chaussures de rando et nos pattes qui ont fini par le tracer. Le coeur n'est plus sollicité, mais le rythme reste bas, car les cailloux roulent sous les pieds et les pattes. Je trébuche souvent sur ce tronçon, tombe parfois et Roxanne aussi. Trop grosses et trop vieilles, toutes les deux !




    Nous finissons par atteindre la faïsse du matelas, où nous faisons notre seconde pause. Je fais ma concierge, de là-haut, observe les rares aller et venues dans le « ruisseau » (c'est comme ça qu'on appelle le chemin qui longe le ruisseau et où habitent 9 familles, 5 seulement à l'année), utilise le zoom pour épier les vieux dans leur jardin, les enfants qui se baignent.




    Et comme il est souvent l'heure de manger, les chiens viennent me pousser du nez pour me demander de rentrer. On est preque arrivés. On passe la faïsse du chêne mort et déjà, si les enfants restés au mas parlent, je peux presque les entendre.


    Le reste de la descente est donc court mais rude, fait de rochers qui tiennent lieu de marches. On a appris à les aborder avec le bon pied ou la bonne patte, en crabe bien souvent et nous voici arrivés au dessus de la maison.






    Brett descend plus bas que les autres pour aller boire et se baigner dans le bassin sous le grand tilleul, deux faïsses plus bas, les autres se contentent de la fontaine à l'étage de la maison.



    Nous sommes partis, il y a une heure, parfois plus, quand la chasse ou mes pensées nous ont entraînés plus loin ….



    Sur Google Earth, en rouge c'est le « tour », en vert, c'est l'option « plus haut, l'hiver »




    Voilà, c'était un peu long, un peu escarpé, parfois aride, les ronces et les salsepareilles t'ont  égratigné, mais je suis heureuse que tu m'aies accompagnée pour cette promenade souvent bien solitaire.

                                                                                                                                                                          See you later alligator

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