C'est le 4ème printemps que je passe ici dans ce mas des Cévennes.

Les terres du mas sont extrêmement bien exposées sur le bon versant de la montagne, baignées par le soleil très tôt  le matin, même en hiver. Plusieurs sources et leurs bassins rendent l'eau disponible toute l'année. Et pourtant, je n'ai pas de jardin.

 

Le printemps 2008, pour les raisons que les habitués connaissent, j'étais à peine vivante.

 

Le printemps 2009, j'étais trop occupée à gérer la succession de mon père, la vente de sa maison, la répartition de ses meubles et de ses objets pour ne serait-ce qu'y penser.

 

Le printemps 2010, je n'avais pas grand chose à faire, mais  deux raisons principales pour ne pas me lancer : la première raison, celle qui gère une grande partie de ma vie, c'est la flemme. Je suis rien qu'une grosse cossarde et moins j'en fais, moins j'ai envie d'en faire ! La deuxième raison, c'est que pour faire un jardin qui me donne envie d'y travailler, il fallait qu'il soit à proximité de la maison, pas trop loin de la source. Or à l'époque, un mauvais grillage délimitait un espace relativement restreint pour mes chiens et justement, créer un jardin sur LA BONNE  faïsse aurait considérablement réduit leur espace. En Juillet 2010, j'ai fait refaire toute mon enceinte avec des bons piquets et du bon grillage. Il m'a fallu mener une bataille de plusieurs mois contre les sangliers qui défonçaient toutes les nuits mon grillage neuf pour venir manger mes prunes et plus tard mes noisettes. J'ai passé un été abominable, toutes les nuits à ma fenêtre pour leur lancer des pétards et leur faire peur, mais à force ils s'y étaient habitués et me regardaient sans partir, tout juste s'ils ne rigolaient pas. J'ai tenté d'aboyer (je te jure que c'est vrai, ça a fait mourir de rire Jacky et Colette) mais ça devait être un aboiement de chien de berger, car ça ne les pas arrêtés. Alors j'ai accroché des grosses carines de vaches aux  principaux  points de passage, les cloches ont eu comme vertu principale de me réveiller quand les sangliers bombaient le grillage en les ignorant superbement. Pour finir j'ai passé toutes mes journées à tirer des planches que j'ai calées contre le grillage, puis des pierres les plus grosses possibles pour tenir les planches. Et j'ai à peu près gagné. Les sangliers ne passent plus mais ma belle clôture neuve ressemble plus à l'enceinte d'un camp de caraques comme on dit par ici. Un perfide blaireau a pris le relais cet hiver en réussissant à déplacer des pierres que j'avais eu du mal à porter tant elles étaient lourdes et en creusant par dessous des tunnels trop petits pour des léos mais bien suffisants pour ces saloperies de Chinois qui se carapataient par là. Le grand jeu consistait tous les matins en une course entre eux et moi pour descendre, six faïsses plus bas, au trou du blaireau, afin que je puisse le reboucher avant qu'ils ne se taillent. Ca fait presqu'un mois que le blaireau n'a pas recreusé. Il est parti chez Jacky et Colette et il fait des trous partout chez eux ! Je me marre. Jacky craque et vient de me dire qu'il allait l'attendre avec le fusil une de ces nuits!

Tout ça pour te dire que depuis l'été dernier, les chiens ont un hectare correctement clos et que je peux donc "prélever" une faïsse pour enfin y faire un potager.

 

Il a fallu ouvrir un grillage pour passer le motoculteur, refaire une autre clôture ailleurs pour empêcher les chiens d'y aller, poser une porte, passer le motoculteur, ramasser de la cendre jetée tout l'hiver dans un vieux bassin desaffecté, ratisser, ramasser les cailloux, choux, hiboux .... (je m'égare). Demain, je monte plusieurs poubelles de fumier de chez les juments avec le 4X4, je l'étale, je râtisse de nouveau, Jacky revient passer un deuxième coup de motoculteur, on laisse la pluie de dimanche tasser tout ça  .... et c'est parti mon Kiki. Je vais cultiver mon jardin  ..... si je survis à ma sciatique !

 

 

 

 

 

 

 

PS : et ne me dites pas que je ne suis pas raisonnable avec une sciatique de jardiner et de randonner comme hier. Je le disais à Jo en réponse à son commentaire : un Cévenol, ça ne se contrarie pas, c'est comme un Corse ! Jacky était disposé hier pour me montrer des chemins, aujourd'hui pour me faire mon jardin, alors dans ces cas-là, je serre les dents et j'y vais. C'est cette attitude qui m'a permis de m'intégrer dans cette région où tant d'étrangers sont mis à l'index.

 

 

 

 

See you later alligator