Épisode cévenol, aujourd'hui, alerte orange, totalement inutile, puisqu'on est en vacances, et que le seul intérêt des alertes météo, c'est que le préfet ferme les écoles.

 

 

(Attends, je vais vomir et je reviens, rien que de prononcer le mot école, j'ai été prise comme d'une nausée existentielle !)

 

 

Les gens normaux, quand il pleut autant, restent terrés au fond de leur maison. J'ai la prétention de me penser un peu anormale et de l'assumer assez bien. Je suis donc obligée de sortir, tôt le matin, alors que le jour se lève à peine, sous des trombes d'eau, et quand je dis trombes, je pense trombes, y a bien qu'ici que j'ai vu des pluies aussi violentes, pour aller nourrir les juments. Or les quadrupèdes en question habitent à 250 mètres du mas, tout en bas, il y a une bonne trentaine de mètres de dénivelé. Le temps d'y aller, de charger une botte de foin sur mes frêles épaules, de patauger jusqu'à leur abri dans 20 centimètres de crottins mélangés à de l'eau et à de la terre, de remonter, et la pente est rude, il me faut bien dix minutes. Hors de question, donc, d'y aller sans un minimum de protection contre les éléments.

 

 

Je te montre à quoi je ressemble dans ces cas-là : chapeau de Crocodile Dundee en cuir huilé, manteau en peau retournée de Henry Fonda et bottes de plouc sorties tout droit de l'Amour est dans le Pré (oui, je sais les bottes dénotent). Il m'arrive de renoncer au manteau d'Henry Fonda, car affublée de la sorte, je fais peur à l'Autrichienne, qui a plus Wim Wenders que Sergio Leone comme références culturelles, et elle cherche alors systématiquement à me charger et à me mordre, et les bras encombrés de foin, je ne peux pas lui mettre la tarte qu'elle mérite, pour lui apprendre à aimer tous les genres cinématographiques. J'ai un autre imper rouge qu'elle accepte, cette jument doit avoir des ancêtres soviétiques. Mais le chapeau, c'est l'accessoire in-dis-pen-sa-ble ! Car pour exactement les mêmes raisons qui m'empêchent de tarter ma jument, je ne peux pas porter de parapluie.

 

Ce matin, je me résigne donc à descendre, je revêt le blouson rouge, enfile les bottes, et me baisse pour ramasser le chapeau, tombé de son support et qui gisait, tout seul, tout malheureux, près de la porte d'entrée. Je le ramasse et ma main sent alors comme une espèce d'humidité. Je me dis que de l'eau a dû pénétrer par dessous la porte, regarde de plus près et vois au fond une jolie flaque : au toucher et à l'odeur, il n'y a plus aucun doute ! Pupucefreewoman ne me contredira pas : on ne peut s'y méprendre ! Un de ces c$$**###s de chats, réfugiés dans la maison à cause du mauvais temps, a trouvé porte close pendant la nuit et s'est dit que mon chapeau sentait meilleur que la litière où d'autres avaient dû pisser avant lui ou elle !

Mes cheveux fraîchement lavés m'ont incité à prendre la décision la plus appropriée : ne pas porter le chapeau ! Je suis descendue tête nue et je suis remontée, dégoulinante et furibonde. S'il y a une guerre, je te jure que ces greffiers, on va les bouffer, tous, les uns après les autres.

 

 

J'ai nettoyé le chapeau, l'ai mis à sécher sur le poêle, il est de nouveau opérationnel !

 

 

 Après, j'ai fait un peu de place sur le poêle, car il y a une daube qui doit mijoter toute la journée ….  

 

 

Bizarre, il manque un chat sur mon lit !

 

 

 

 

                      See you later alligator