• A mourir de rire ....

    .... Ou le jour où j'ai "enterré" mon père

    Je programme cet article afin qu'il paraisse pendant que je serai aux obsèques de mon oncle.
    Histoire de te mettre dans l'ambiance.
    Morbide, oui, mais joyeuse. Ou plutôt cynique. Tu le connais Cinik ? Mon bouclier préféré, celui dont je ne me sépare quasiment jamais.

    Bref que je te raconte.

    Le coup des cendres. Celles de mon père que je ramenai, mercredi, de Beauvoisin.

    Il s'est fait discret pendant le voyage, coincé entre sa chaîne stéréo que j'avais promis à des collègues de l'école et sa commode que je rapportais à mes voisins.
    Il a commencé à se faire remarquer en gênant la sortie du coffre de ladite commode. Jacky qui tirait pendant que je poussais, embarrassé par le carton, l' a pris pour le poser par terre. Je n'ai fait qu'un seul bond pour récupérer l'objet en en révélant le contenu. Ca a jeté comme un froid ....
    Plus tard, à la maison, je finis de vider remorque et voiture et redescends la voiture en bas. Et j'oublie . Une fois que tout a été rangé, je me mets en quête de l'urne. Plus d'urne. Nulle part dans la maison. Un peu embêtée, je tourne en rond, sentant monter un familier sentiment de culpabilité. Un seul endroit restait possible : la voiture.
    Je descends, car en plus j'avais laissé l'appareil photo la veille dans la mercédès de mon père, et je voulais le récupérer. Dans le quatre quatre, effectivement, le petit carton m'attendait, oublié dans un coin du coffre. Je le ramasse, même pas soulagée, je me demande si je n'aurais pas préféré le perdre pour de bon, ressassant le titre d'une pièce de Ionesco lue il y a longtemps "Amédée ou comment s'en débarrasser" et me dirige vers sa Mercédes pour aller chercher l'appareil photo glissé sous le siège avant. Pour récupérer l'APN, j'ai dû poser l'urne sur le siège et j'ai été prise d'un ricanement nerveux à la pensée de mon père au volant pour une ultime fois de sa bien-aimée voiture achetée pour faire le cake avec sa nouvelle compagne, la croqueuse d'héritage. Maintenant c'est moi qui fait la cake avec, c'est pas plus malin.
    Je récupère l'appareil, cale le carton sous mon coude gauche et décide de trouver un endroit pour y déposer les cendres. Hors de question que ce soit la maison, pas envie de tomber dessus à tout moment. Je n'aurais pas supporté qu'il vive chez moi vivant, si j'ose dire, ce n'est pas pour qu'il y repose mort, même s'il est beaucoup plus gentil avec moi depuis dix mois.

    La bergerie en ruines, au bord du ruisseau, me paraissait une alternative intéressante.

    Me voilà donc partie à travers la montagne, l'urne, sans m'en rendre compte, contre mon coeur, en chantonnant pour me donner du coeur à l'ouvrage "Baby you can drive my car".
    Je remonte le chemin, et commence à escalader d'une main le rocher en direction de la ruine.


    Il faut que tu saches que je ne me déplace jamais sans mon téléphone portable : mon "jardin" est grand, plein d'embûches, et une entorse est vite arrivée. Or le téléphone, ce jour-là, il était dans la poche gauche de ma chemise ( bon d'accord, une chemise de mon père, vu qu'en ce moment, je ne porte pratiquement plus que ça, mais ça va me passer, j'ai fait la même chose avec les fringues de ma mère quand elle est morte).

    Alors que je grimpais, le téléphone se met à vibrer. Dans ma poche. Sous l'urne, donc. 

    Toute à mes pensées, pendant quelques secondes, mais je te jure qu'elles ont été longues ces secondes, j'ai cru que c'était l'urne qui vibrait.

    PUTAIN DE BORDEL DE TROUILLE !

    J'ai failli tout lâcher. Ce n'était que mon garagiste qui me demandait d'apporter la roue de secours de la deuxième voiture de mon père qui est en vente chez lui !!!!!! La roue de secours .... d'une voiture de mon père. Encore ... Je vais finir par croire qu'il a(vait) de l'humour.

    J'ai trouvé une meurtrière dans la bergerie, je l'ai bouchée d'un côté avec une vieille tuile, j'ai posé l'urne et j'ai bouché l'autre côté avec une autre vieille tuile. La sauvagine devrait lui foutre la paix.


    Je suis consciente que cet article est du plus parfait mauvais goût, mais je viens de finir le dernier livre de Chloé Delaume, "ma maison sous terre", et je te promets que je ne lui arrive pas à la cheville en ce qui concerne le mauvais goût morbide. J'ai trouvé ma maîtresse parmi les torturées de la terre et Boris Vian a trouvé sa fille spirituelle.


                                                                                                                                       See you later alligator

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  • Commentaires

    1
    Lundi 23 Mars 2009 à 10:13
    waldo
    Ben article morbide peut être... mais désolée, il m'a fait rire !!!
    du coup, souvenir souvenir... Les cendres de mon papa ont été éparpillées dans la garrigue, à son choix. Mais ma grand'mère, sa maman donc a demandé de récupérer des cendres pour qu'une urne soit installée sur le caveau familiale. Ma mère à moi sympa a accepté (moi à l'époque, un peu choquée quand même mais aujourd'hui, je comprends !)
    Mais pour moi, j'avais oublié ! il est dans la garrigue, pas au cimetière !!
    l'année d'après, je suis en visite chez ma grand'mère avec ma fille aînée, 7 ans à l'époque... On va au cimetière, normal puisque les rameaux donc, on accompagne ma grand'mère.
    Et là... fille aînée qui avait après à lire entre temps "ben qu'essssse ki fout là papy ?"... j'ai pas pu m'empêcher d'avoir LE méga fou rire !!!
    et le lendemain, elle y est retournée avec ma tante, nettoyage du caveau toussa toussa... en revenant "a y'est, on a tout nettoyé papy, l'est tout prop'"...
    bons souvenirs dans la tristesse et la morbidité et ça fait du bien !!!
    2
    Lundi 23 Mars 2009 à 20:39
    Béa
    morbide ... j'ai bien ri malgré tout !
    Ben moi, si j'avais eu les cendres de mon père, je les aurai fait sniffer à sa bonne femme qui, soit dit en passant, mon père est le 3ème qu'elle plume ... sans compter les 4 gamins qu'il a laissé ...
    3
    Lundi 23 Mars 2009 à 21:49
    Béa
    non !!! elle a tout volé ... ils n'étaient pas mariés !
    Remarque, comme il avait tout volé à son ex femme, ma mère ...
    4
    Mardi 24 Mars 2009 à 07:43
    Françoise
    J'avoue... j'ai bien ri !!!  Un jour, je te raconterai le voyage de mon amie Nicole Paris-Washington avec son cousin Georges en bagage accompagné ! Ce n'est pas mal non plus !
    5
    Vendredi 18 Juin 2010 à 21:58
    salomé

    ça me fais rire

    car raconté de cette manière c'est pas triste du tout

    en plus il est bien il surplombe toute la vallée

    salomé



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